la France dans le monde

 

Introduction

 

À l'issue de la Deuxième Guerre mondiale, la place de la France dans le monde a beaucoup évolué. Sa position s'est affaiblie au niveau international. Bien qu'elle soit parmi les vainqueurs, la France est absente à Yalta puis à Potsdam, lors des conférences qui façonnent le monde pour des décennies.

Avec la guerre froide et la domination des deux grands que sont les États-Unis et l'URSS, la France est reléguée au statut de puissance moyenne. Sur le plan européen, la France doit se réconcilier avec ses voisins et notamment avec l'Allemagne. Elle participe d'entrée au projet européen, non sans quelques réserves, surtout après le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958. La France, au nom de son indépendance, est en effet partagée entre le choix d'un rayonnement international et son intégration à l'Union europénne. Nous nous interrogerons donc sur la place de la France dans le monde et en Europe.

Nous distinguerons dans un premier temps en quoi la France est un acteur européen majeur. Nous verrons par la suite que celle-ci souhaite conserver son indépendance. Enfin, nous nous intéresserons à l'influence de la France dans le monde.

 

I.              Un acteur européen essentiel

 

Avec la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'Europe éprouve la nécessité d'une véritable réconciliation. La France participe de suite au projet européen bien qu'elle manifeste des réticences occasionnelles.

 

1.    Le choix de l'Europe

 

La France choisit très tôt de participer à la construction européenne. Elle le fait au nom de la paix et de la réconciliation avec ses voisins mais aussi pour tourner une page de son histoire coloniale. D'éminentes figures françaises comme Robert Schuman et Jean Monnet, « pères de l'Europe », s'appliquent à faire de la France un pays fondateur. Ainsi, elle participe à toutes les grandes étapes de la construction de l'Europe.

Les étapes de la construction européenne.

Après la création de la CECA en 1951, première autorité supranationale européenne qui gère les productions très stratégiques que sont le charbon et l'acier, la France signe les traités de Rome le 25 mars 1957. Avec l'Allemagne, l'Italie et le Benelux, la France fait partie des pays fondateurs de l'ancienne CEE. Lorsque le général de Gaulle arrive au pouvoir l'année suivante, celui-ci conteste de nombreux points. La construction se poursuit malgré tout, « au nom des engagements de la France ». La France appuie la création de la PAC en 1962, première politique communautaire dont elle tire de nets avantages en modernisant son agriculture.

En 1992, en votant pour le traité de Maastricht, la France fait le choix de pousser son intégration, notamment dans les domaines économique et monétaire. Son choix de l'Europe est manifeste. Elle fait, aux côtés de l'Allemagne, figure de moteur.

 

2.    Le moteur franco-allemand

 

En effet, la coopération franco-allemande est déterminante dans la construction européenne, et ce dès ses origines. Elle repose en outre sur l'entente entre dirigeants français et allemands. De Gaulle privilégie d'entrée les relations avec son homologue allemand Adenauer. Valéry Giscard d'Estaing jette avec Schmidt les bases de l'union économique et monétaire avec le Système monétaire européen (SME). Ils sont relayés par Mitterrand et Kohl qui accélèrent l'union économique et monétaire avec le traité de Maastricht (1992).

Un timbre édité en 2013 pour feter les 50 ans du Traité de l'Elysée (rapprochement franco-allemand)

La France est un moteur de la construction européenne aux côtés de l'Allemagne. L'Europe est même devenue un cadre indispensable pour la France depuis que celle-ci a abandonné son empire.

 

3.    Des réticences répétées

 

Pourtant la France a, à de maintes reprises, cré la confusion et déboussolé ses partenaires européens par certaines réticences. En 1954, c'est elle qui fait échouer le projet de la Communauté de défense européenne (CED), car elle y voit un réarmement de l'Allemagne prématuré et dangereux. La France a également été un frein à l'élargissement lorsque de Gaulle pose son veto à l'entrée de la Grande-Bretagne à deux reprises en 1963 et 1967. Plus récemment, en 2005, la France a enterré le projet de constitution européenne lors d'un référendum où le « non » l'a emporté.

 

II.            Le souci d'indépendance

 

Cette volonté d'indépendance s'est manifestée dans plusieurs domaines et en premier lieu au niveau militaire.

 

1.    La dissuasion nucléaire

 

C'est à partir de 1958 avec de Gaulle que la France se dote d'un programme nucléaire. Dans ce contexte de guerre froide, l'indépendance militaire de la France passe, aux yeux du général, par la possession de l'arme nucléaire. La première bombe A française voit le jour en 1960. Elle est suivie deux ans après du premier sous-marin nucléaire.

La dissuasion nucléaire française

Avec l'arme atomique la France dispose d'un pouvoir de dissuasion. Elle est capable de riposte nucléaire massive et automatique contre tout agresseur, au moyen des trois vecteurs : sous-marin, aérien et terrestre.

La guerre froide terminée, la France a maintenu ses essais nucléaires. Elle est même la dernière grande puissance à avoir fait exploser des bombes nucléaires dans le Pacifique sous la présidence de Jacques Chirac en 1996. Ces essais provoquèrent de nombreuses critiques de par le monde. 

Les essais nucléaires français depuis 1960

Aujourd'hui, dans le nouvel ordre international, la France se montre disposée au désarmement nucléaire, à la condition que le processus ne soit pas unilatéral. Elle est également favorable à un projet européen de défense, avec Eurocorps notamment.

 

2.    Un allié, mais indépendant

 

La France se révèle être une alliée à l'indépendance revendiquée lorsque de Gaulle décide en 1966 de quitter le commandement intégré de l'OTAN. 

Caricature présentant la façon dont les Américains ont perçu le retrait de la France de l'OTAN (caricature du Washington Post)

Les troupes françaises échappaient de cette manière au commandement des États-Unis dans les troupes communes. La France affirme cependant son attachement au camp occidental tout au long de la guerre froide. La crise des « euromissiles » en est un exemple parlant. On y a vu Mitterrand soutenir les États-Unis pour installer les fusées Pershing face aux SS20 soviétiques. De même, la France est intervenue aux côtés des États-Unis lors de la guerre du Golfe en 1990, intervention qu'elle a faite dans le cadre de l'ONU où elle est forte de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité. Elle dispose d'un droit de veto qu'elle n'a pas hésité à utiliser en 2003 lors du conflit irakien.

La coalition de la Première Guerre du Golfe en 1991

De manière générale, la France privilégie le cadre de l'ONU pour agir militairement comme au Rwanda et aux Balkans dans les années 1990.

 

3.    Une politique extérieure originale

 

Le souci d'indépendance de la France se manifeste à travers une politique extérieure originale.

Là encore, de Gaulle jette les bases de la diplomatie française, celle « des mains libres ». Dénonçant sans cesse la conférence de Yalta (1945), ce « partage » du monde, le général de Gaulle prône une certaine autonomie de la France pendant la guerre froide. La France est ainsi le premier pays occidental à reconnaître la RPC en 1964. En 1961, elle reçoit même la visite de Nikita Khrouchtchev. Lors de la guerre des Six-Jours en 1967, la France dénonce la politique israélo-américaine et se pose en défenseur du monde arabe.

Rattachée au camp occidental, la France souhaite cependant suivre sa propre voie diplomatique.

 

III.          La présence française dans le monde

 

La présence de la France dans le monde est assurée par différents vecteurs, et en premier lieu par ses territoires outre-mer.

 

1.    Les vestiges de l'Empire

 

De l'époque où la France détenait un empire de plus de 10 millions de km2, il ne reste aujourd'hui que quelques traces. Ce que l'on nomme « les confettis de l'empire » témoigne du passé colonial. Il s'agit avant tout de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane et de la Réunion, regroupées en DOM. À ces départements d'outre-mer s'ajoutent des territoires comme la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française (TOM). Saint-Pierre-et-Miquelon, l'île de Mayotte et Clipperton font de leur côté partie des collectivités territoriales.

Si ces possessions représentent une surface terrestre relativement restreinte, elles offrent cependant à la France une des plus grandes Zones économiques exclusives (ZEE) de près de 11 millions de km2. Cette ZEE regorge de nombreuses ressources disponibles, bien que peu exploitées actuellement. Par ailleurs, cette immense ZEE permet à la France d'etre la seconde puissance maritime mondiale. 

La Zone Economique Exclusive de la France dans le monde.

En outre, ces vestiges de l'empire confèrent à la France des positions stratégiques. Elle y est fortement attachée, comme en témoigne le pavillon faisant annuellement escale à Clipperton.

En somme, ces possessions assurent à la France une présence territoriale partout dans le monde.

 

2.    Les liens avec les anciennes colonies

 

La France a gardé des liens privilégiés avec ses anciennes colonies. Cela s'est traduit par une politique de coopération dans le domaine technique (aide à la mécanisation de l'agriculture), et dans l'enseignement notamment. La France a toujours été l'un des pays les plus généreux en termes d'aides (part dans le PIB), bien que celles-ci aient baissé durant ces dernières années.

On peut aussi évoquer son implication dans la mise en place d'un Nouvel ordre économique international (NOEI) à Yaoundé en 1963, à Lomé en 1973 et plus récemment à Cotonou en 2000.

 

3.    La francophonie et l'exception culturelle

 

La présence française trouve d'autres relais dans la francophonie et l'exception culturelle. Le monde francophone est largement issu des temps coloniaux. Devant le recul du français est née la notion de francophonie. L'idée de défendre et de promouvoir la langue et la culture françaises est au cœur de cette politique. Aujourd'hui, le français reste parlé par 160 millions de personnes (langue maternelle ou d'usage).

Le français est diffusé partout dans le monde grâce à l'Alliance française, un large réseau de lycées français, et grâce à l'octroi de bourses aux étrangers pour étudier en France.

Le français et la Francophonie comme lien de la France avec le reste du monde

Cette défense de la langue française va de pair avec la notion d'exception culturelle. Ce principe est né lors de la réunion du GATT à Marrakech en 1993. L'exception culturelle défend l'idée que la culture n'est pas une marchandise. Derrière cette notion, c'est le rayonnement culturel français qui est favorisé.

Les établissements scolaires français dans le monde en 2015

 

Conclusion

 

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la France a retrouvé une place privilégiée dans le monde. Elle a repris position en participant activement à la construction européenne et en assurant son indépendance et son influence au niveau international. Ce rang que la France occupe fait d'elle « une puissance moyenne à vocation mondiale ».